L’importance d’apprendre les langues en Suisse
Les dimensions psychologiques de l’intégration
La Suisse n’est pas seulement un pays doté de quatre langues officielles, c’est aussi un territoire à la complexité linguistique où chaque canton conserve son propre dialecte. Pour les nouveaux arrivants, cette réalité constitue la première et la plus difficile épreuve d’une intégration réussie.

Du haut allemand au dialecte bernois : une expérience d’intégration
C’était en 2015, et l’obligation de maîtriser l’allemand à Berne était un sujet de discussion. J’avais initialement considéré ma connaissance de l’italien comme un avantage dans un pays doté de quatre langues officielles. Par crainte pour mon emploi et mes moyens de subsistance, j’ai reporté l’apprentissage de l’allemand. Cependant, j’ai vite compris qu’il était impossible de communiquer dans la rue et dans les cercles sociaux en utilisant uniquement l’italien.
J’ai agi rapidement, je me suis organisé et j’ai commencé à apprendre le haut allemand (Hochdeutsch). Bien que je sois rapidement parvenu à comprendre le Hochdeutsch, cette langue ne m’a pas été d’une grande utilité immédiate dans mon environnement social et professionnel. La raison ? Le dialecte bernois local (Bärndütsch). L’incapacité à comprendre mon interlocuteur a provoqué chez moi de l’anxiété et une perte de confiance en soi. Je devais constamment demander : « Excusez-moi, pourriez-vous parler en haut allemand, s’il vous plaît ? » La plupart réagissaient poliment, mais ceux qui me rétorquaient : « Vous vivez pourtant à Berne ! » me démoralisaient.
Je sais aujourd’hui que le processus d’intégration n’est pas un enregistrement technique, mais un équilibre psychologique.

Les couches de communication en Suisse : la séparation entre le haut allemand et le dialecte
La première confusion que l’on rencontre dans la partie germanophone de la Suisse est l’existence de deux couches fondamentales de communication :

1. Le haut allemand (Hochdeutsch / Schriftdeutsch)
C’est la langue écrite, officielle et administrative. Les manuels scolaires, les lois et toute la correspondance officielle sont rédigés dans cette langue. C’est la langue qu’il est indispensable d’apprendre pour gérer les processus vitaux et légaux.
2. Le suisse allemand (Schweizerdeutsch)
C’est un groupe de dialectes (Mundart) appartenant à la langue parlée. C’est la seule langue utilisée dans la vie quotidienne, entre amis et lors de communications informelles. Il diffère du Hochdeutsch par sa grammaire et son vocabulaire. La véritable acceptation sociale commence par la compréhension de ces dialectes.
La diversité et les groupes de dialectes du suisse allemand
Le suisse allemand (Schwiizerdütsch) appartient à la famille des langues alémaniques et présente une très riche diversité due aux différences géographiques et culturelles. Ces dialectes sont divisés en trois grands groupes géographiques et linguistiques :

AA. Le haut alémanique (Hochalemannisch)
Ce groupe est le groupe de dialectes le plus répandu et le plus central en Suisse alémanique. Il couvre la plupart des cantons à forte densité économique et démographique. Les exemples incluent :
- L’allemand de Zurich (Züritüütsch) : Le dialecte le plus souvent entendu en raison du centre financier.
- L’allemand de Berne (Bärndütsch) : Souvent connu pour avoir une mélodie plus douce.
B. L’alémanique supérieur (Höchstalemannisch)
Ce groupe de dialectes est parlé dans les régions montagneuses isolées, proches des Alpes. Cet isolement a permis à la langue de conserver ses caractéristiques anciennes, rendant la compréhension difficile même pour d’autres Suisses.
- L’allemand du Valais (Wallisertiitsch) : L’exemple le plus typique, considéré comme l’un des dialectes les plus conservateurs des langues germaniques.
C. Le bas alémanique (Niederalemannisch)
Ces dialectes se trouvent généralement dans les régions proches des frontières avec l’Allemagne et la France et présentent des similitudes avec les dialectes des pays voisins.
L’allemand de Bâle (Baseldeutsch) : Spécifique à cette région et connu pour sa proximité avec les dialectes du Bade en Allemagne.nnt für seine Nähe zu den Badischen Dialekten in Deutschland.
Les fondements d’une intégration réussie : la règle de la langue et du respect
Selon mon expérience, l’apprentissage de la langue et l’établissement en Suisse, quelle que soit la raison de votre venue (asile, mariage ou travail), reposent sur deux règles fondamentales :
1. Le Respect (Achtung)
Je parle du respect pour tout ce qui appartient à ce pays : d’une plante à votre voisin, en passant par un fonctionnaire. De cette manière, vous vous sentirez bien et gagnerez facilement le respect des gens.
2. La Langue
Si vous souhaitez conserver votre estime de soi, vous devez au moins maîtriser la langue suffisamment pour vous exprimer et exposer vos préoccupations. Je ne parle pas ici d’atteindre les niveaux C1/C2. Dans un pays où de nombreux cours gratuits sont encouragés par l’État et avec le soutien de la technologie moderne, il est possible de résoudre rapidement le problème de la langue.
Lorsque vous prenez la langue et le respect comme fondement, l’intégration se fera naturellement.
